La rivalité entre Elon Musk et Sam Altman, deux anciens alliés, prend racine dans la fondation d’OpenAI. Voici comment cette tension s’est développée au fil du temps.
Elon Musk relance une nouvelle confrontation. Après ses différends avec Xavier Niel, le patron de SpaceX, Tesla et X, proche de Donald Trump, s’attaque désormais à Sam Altman, le PDG d’OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT. Ce dernier avait appris qu’un groupe d’investisseurs dirigé par Musk proposait de racheter OpenAI pour près de 100 milliards de dollars.
Sam Altman avait rapidement réagi : « OpenAI n’est pas à vendre ». Puis, il a qualifié cette annonce de tentative délibérée pour perturber l’organisation. Mais la réplique la plus tranchante fut celle-ci : « Je pense que la vie d’Elon Musk se résume à un manque de confiance », a déclaré Altman à Bloomberg TV. « Ça me fait de la peine », a-t-il ajouté.
Les deux figures de la tech n’ont pourtant pas toujours été opposées. Il y a une dizaine d’années, Altman cherchait à rassembler les grands noms de la tech pour fonder OpenAI. Musk faisait naturellement partie des investisseurs clés. En 2015, ils sont co-PDG de l’entreprise, aux côtés de neuf autres fondateurs, avec pour objectif de garantir que l’intelligence artificielle ne soit pas concentrée entre les mains des géants comme Google. Mais en 2018, Musk quitte le projet, pensant pouvoir mieux gérer OpenAI seul, et tente même d’intégrer l’organisation à Tesla — un projet qui échoue.
Aujourd’hui, Musk dirige xAI, une entreprise d’intelligence artificielle dont le modèle, « Grok », est intégré à l’interface de X. Il semble éprouver une certaine frustration de ne pas figurer parmi les têtes d’affiche comme ChatGPT ou d’autres projets d’IA concurrents. Selon Boris Manenti, auteur de Elon Musk, Le Bonimenteur, Musk « est agacé de ne plus faire partie d’OpenAI, et de ne pas être cité parmi les créateurs ». C’est une situation similaire à celle de Tesla, où il a évincé les deux fondateurs. Musk n’hésite pas à affirmer : « Je suis la raison pour laquelle OpenAI existe. »
Son ego ne s’arrête pas là. Manenti suggère que Musk pourrait voir en Altman une version plus jeune de lui-même : un entrepreneur accompli, qui partage des positions politiques proches des siennes, comme le soutien aux droits LGBTQ+ et au revenu universel.
En 2024, Musk intensifie son action. En mars, il poursuit OpenAI en justice, l’accusant de trahir ses principes fondateurs en cherchant à transformer l’organisation en une entité à but lucratif. Puis, à l’été, il lance une nouvelle procédure pour empêcher cette évolution. Selon Boris Manenti, Musk « a besoin de se faire entendre » et ressent que d’autres entreprises d’IA pourraient bientôt émerger pour rivaliser avec OpenAI.
Cependant, pour réussir à racheter OpenAI, Musk devra faire face à un obstacle majeur : Microsoft, qui avait investi massivement dans l’entreprise et utilise ses technologies dans ses propres produits, n’est pas prêt à laisser son partenaire s’échapper.