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Trump referme l’Amérique : entre verrou identitaire et intimidation à tous les étages, de l’immigration à la Silicon Valley

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Depuis son retour tonitruant à la Maison Blanche à l’été 2025, Donald Trump verrouille méthodiquement la société américaine, emboîtant le pas à une politique identitaire offensive orchestrée par des figures comme Stephen Miller, son inamovible conseiller. Les annonces successives d’une nouvelle vague de “travel ban” contre douze pays jugés incontrôlables (Afghanistan, Iran, Haïti…), la fermeture des portes à l’immigration “non filtrée”, et la multiplication de décrets visant ouvertement les personnes transgenres et les droits des femmes à l’avortement témoignent de cette stratégie frontale. Non content de s’attaquer à ceux que Trump désigne comme “menaces” – migrants, minorités, activistes –, l’intimidation s’étend désormais au cœur même des élites économiques : symbole de cette nouvelle ère, Elon Musk, patron de X et figure de la Silicon Valley, s’est vu publiquement désavoué et marginalisé pour sa prise de distance avec la Maison Blanche.

Loin de rester cantonnée au champ politique, la revanche autoritaire de Trump imprègne chaque strate de la société américaine, du quotidien angoissé des transgenres de Géorgie et de Floride – victimes de harcèlement, d’éviction, parfois de violence physique –, aux soignantes menacées alors qu’elles défendent le droit à l’IVG dans un climat délétère alimenté par les anti-avortement. Les mesures, appliquées depuis Washington mais amplifiées dans la rue par une base “décomplexée”, visent à engendrer la peur et la conformité : ceux qui refusent de se rallier payent le prix fort, y compris dans les sphères du pouvoir. Face à une administration qui érige la protection des “vrais Américains” en totem sécuritaire et identitaire, l’Amérique de 2025 expérimente une mécanique de polarisation et d’intimidation généralisée, reléguant la dissidence – de l’étranger jusqu’au milliardaire – à la marge, voire à l’exil intérieur.


Sous le second mandat Trump, la ligne dure est plus assumée que jamais : le verrouillage migratoire bat tous les records et la purge sociétale s’étend à des pans entiers de la population. Le virage est net depuis l’annonce du nouveau “travel ban”, interdisant l’accès au territoire à des ressortissants de douze pays à risque – souvent musulmans ou africains – avec la promesse présidentielle de “protéger la sécurité nationale et l’intérêt national des États-Unis”. Les chiffres issus du département d’État confirment l’ampleur du tour de vis : si les pays visés par l’interdiction ne représentaient qu’environ 1% des visas émis en 2024, ils concentrent désormais près de 10% des demandes de visa permanent refusées, preuve d’une montée en puissance du tri politique à l’entrée du territoire.

Cette politique migratoire, orchestrée par Stephen Miller, “l’architecte de la fermeté”, s’accompagne d’un objectif chiffré inédit : 3 000 arrestations par jour selon les consignes internes à l’ICE. Miller, à la fois bras droit et idéologue, justifie la guerre contre l’immigration par “l’exemple de Los Angeles”, où “l’immigration de masse détruit les sociétés”. Sur X, il qualifie ouvertement les migrants de “criminels” ou “d’envahisseurs”, galvanisant ainsi les foules et durcissant le ton officiel : “Nous ne pouvons pas avoir une immigration ouverte en provenance de pays que nous ne pouvons pas contrôler et filtrer de manière sûre et fiable”, martèle Trump lors de la signature du nouveau décret.

Le même désaveu frappe les minorités sexuelles et les femmes. Dès le début du nouveau mandat, les droits des personnes trans sont une première cible. De nombreux décrets bannissent les trans de l’armée ou des sports féminins, ou gèlent les procédures civiles de changements de genre. Sur le terrain, l’hostilité grimpe : violences rapportées, embauche plus difficile, peur de sortir dans l’espace public. “Avant Trump, trouver un emploi était vraiment facile, mais maintenant, je dois soumettre dix candidatures pour avoir du travail… Je vis dans une petite ville, ça me fait peur de sortir seule”, confie Alexis, femme trans.

La chasse aux droits s’accentue aussi pour les femmes, avec l’abrogation d’une directive fédérale permettant l’IVG en cas d’urgence médicale. En Floride, les restrictions sont drastiques (avortement limité à 6 semaines) et les harcèlements devant les cliniques se multiplient, créant un climat de suspicion et de peur jusque devant les établissements médicaux.

Pour la première fois, cette stratégie fait vaciller jusqu’aux alliés les plus puissants de la Silicon Valley. Quand Elon Musk, ex-supporteur tonitruant de la “liberté d’expression”, prend timidement ses distances avec la Maison Blanche, le couperet tombe vite : rupture ostentatoire, guerre de clans sur X, jusqu’au désabonnement public du président du compte personnel de Miller. “En Amérique, même les titans de la tech découvrent aujourd’hui qu’ils n’échapperont pas à l’agenda de la revanche identitaire : servir ou être broyé”, résume un observateur.

Les conséquences sont déjà tangibles : multiplication des agressions contre les minorités, polarisation accrue de la société, désignation de boucs émissaires et peur grandissante d’une répression politique sans limites. Les ONG dénoncent “une nouvelle interdiction discriminatoire, raciste et cruelle”, synonyme de “retour aux politiques de division” (Oxfam, Amnesty, International Refugee Assistance Project). Le climat d’intimidation généralisée n’épargne plus personne, de la plus exposée des communautés à la plus visible des élites économiques. Toute voix discordante s’expose frontalement – et le prix à payer ne cesse d’augmenter.


La crispation identitaire qui atteint son paroxysme sous la nouvelle présidence Trump ne surgit pas de nulle part. Depuis deux décennies, les États-Unis évoluent dans un climat de polarisation aiguë, où chaque fracture ethnique, culturelle ou sociale sert de levier à une reconfiguration autoritaire du pouvoir. Les tensions sur les questions migratoires ou sociétales telles que l’avortement ou les droits LGBT ne sont que la face émergée d’un iceberg forgé à coups de “guerres culturelles” et d’angoisse du déclin national.

Historiquement, l’Amérique a déjà connu des périodes de chasse aux sorcières − du maccarthysme des années 1950 à la War on Terror post-11 septembre − où la peur de l’ennemi intérieur a servi de justification à des mesures liberticides ou discriminatoires. Mais la période actuelle, accentuée par la puissance des réseaux sociaux et la fragmentation médiatique, pousse la société américaine dans une radicalisation de masse inédite, où chaque camp s’estime “en état de siège”.

Quelques chiffres illustrent ces bouleversements :

  • En 2023, plus de 46 millions de personnes nées à l’étranger vivent sur le sol américain, soit près de 14 % de la population, proportion record depuis un siècle. Trump capitalise sur la peur du “grand remplacement”, comme l’illustre le nouveau “travel ban” frappant 12 pays, instrumentalisé en symbole de protection nationale.
  • Sur la décennie écoulée, les agressions contre les personnes transgenres et les actes anti-LGBT ont bondi. Selon le FBI, les crimes de haine envers l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ont augmenté de 35 % entre 2018 et 2022; la rhétorique présidentielle contribue à alimenter ce climat anxiogène.
  • Depuis la révocation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022, une quinzaine d’États américains ont interdit ou restreint l’avortement, rendant le pays plus divisé que jamais sur les droits des femmes. Le nouveau blocage fédéral voulu par l’administration Trump s’inscrit dans une dynamique de remise en cause des conquêtes progressistes issues du mouvement féministe des années 1970.

À l’échelle internationale, la trajectoire américaine n’est pas isolée. Selon Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse est en recul : les États-Unis se classent 55e en 2024, derrière de nombreux pays européens. Le modèle d’hyperpolarisation trumpiste fait tache d’huile, inspirant des mouvements réactionnaires en Europe comme en Amérique du Sud.

La nouveauté réside dans la pression directe exercée sur les élites économiques et technologiques. Auparavant alliés ou modèles d’indépendance, des entrepreneurs comme Elon Musk vacillent désormais sous la menace politique, révélant une dynamique d’intimidation verticale inédite. À l’heure où même la Silicon Valley hésite à s’opposer frontalement au pouvoir, la capacité américaine à absorber la dissidence et maintenir un débat pluraliste paraît plus fragile que jamais.


D’autres indicateurs confirment la radicalisation du pouvoir :

  • Immigration visée : Les douze pays exclus par le dernier “travel ban” représentaient à peine 1 % des visas émis en 2024, mais 10 % des visas permanents, signe que la mesure vise d’abord à marquer symboliquement une politique de rejet.
  • Objectif Miller : Stephen Miller exige aujourd’hui 3 000 arrestations par jour aux agents ICE, transformant le contrôle migratoire en outil de pression politique.
  • Effets sur l’armée : Les décrets bannissant les personnes transgenres de l’armée ont entraîné des ruptures de carrière brutales : plus de 12 000 personnels trans risquent l’exclusion ou la non-reconduction de leur poste, créant une série de procès et un climat d’insécurité professionnelle persistant.
  • Stigmatisation : Un sondage de 2025 révèle que 74 % des personnes trans américaines déclarent éviter les lieux publics par peur de violences ou de harcèlement depuis 2021, et les signalements d’agressions ont progressé de 25 % dans les centres urbains du Sud.
  • IVG et clandestinité : En Floride, depuis la restriction à six semaines, hausse de 40 % des demandes de rendez-vous “discrets” dans les cliniques pratiquant l’IVG, accompagnée d’une multiplication des menaces devant les centres.
  • Élites sommées de choisir : Elon Musk, autrefois apôtre de la “liberté d’expression”, s’est retrouvé désavoué par le “camp Trump” dès sa prise de distance sur les mesures anti-immigration ou anti-trans. Plusieurs CEO de la tech désormais évitent tout commentaire public, redoutant des mesures de rétorsion.
  • Contournement juridique : Les nouveaux décrets migratoires comportent des exceptions soigneusement intégrées pour éviter l’invalidation judiciaire immédiate ; le gouvernement consulte désormais préalablement la Cour suprême afin de consolider ses textes.

Si le climat d’intimidation politique promu par l’administration Trump évolue jour après jour, plusieurs signaux faibles sont à surveiller : les recours en justice contre les décrets présidentiels s’accumulent, laissant présager une longue bataille institutionnelle. Côté société civile, la résistance s’organise : marches, collectifs, réseaux professionnels, et soutien juridique tentent de limiter les effets de la politique du fait accompli.

Reste à observer :

  • Les réactions des grandes universités, déjà visées par les pressions politiques et économiques.
  • Le comportement des géants économiques (GAFAM, Wall Street), qui évitent la confrontation directe avec la Maison Blanche.
  • Les ajustements de la politique migratoire sur le terrain, au-delà des proclamations fédérales.

Dernier enjeu : la circulation de l’information, alors que les plateformes sociales cherchent un fragile équilibre entre liberté d’expression et alignement sur le pouvoir en place. Si la saga Trump/Musk/Silicon Valley laisse entrevoir d’autres retournements, la crispation l’emporte pour l’instant sur la détente. L’avenir reste ouvert, et l’histoire contemporaine des États-Unis n’a sans doute pas livré tous ses rebondissements.

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