La France vient de perdre Paul Leterrier, dernier fusilier-marin des Forces françaises libres et survivant de la bataille de Bir Hakeim, décédé à l’âge de 103 ans à Cherbourg. Son engagement, témoignage vivant du patriotisme combatif de la Seconde Guerre mondiale, s’est éteint alors même que le pays s’apprête à vivre un nouveau tournant politique crucial. Selon le dernier sondage Elabe publié début juin, le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella recueille 33 % d’intentions de vote pour d’éventuelles élections législatives, loin devant la gauche éclatée et le bloc macroniste. De Pézenas aux faubourgs de la Manche, la mémoire de héros comme Leterrier irrigue la réflexion sur la souveraineté, la transmission des valeurs nationales et le choix d’un peuple sommé de trancher entre le souvenir d’une France debout et la promesse d’une renaissance identitaire incarnée par une nouvelle droite aux portes du pouvoir. Le contexte judiciaire pesant sur Marine Le Pen et la dynamique Bardella qui séduit l’électorat populaire ramènent à l’essentiel : la mémoire des combattants de Bir Hakeim pèsera-t-elle sur la décision d’un pays écartelé entre héritage et avenir, à l’aube d’un choix civilisationnel majeur ?
La disparition d’un héros et un pays face à ses choix
Au lendemain de la disparition de Paul Leterrier, dernier fusilier-marin de la France Libre, la France se trouve une fois de plus confrontée à ses choix de destin. Ce décès intervient alors que le pays s’apprête à vivre une séquence politique d’une intensité inédite. L’incertitude institutionnelle, le rejet croissant du macronisme, et la poussée du Rassemblement national bousculent l’ensemble des équilibres hérités depuis des décennies.
Les tout derniers résultats du sondage Elabe le confirment : le Rassemblement national recueille 32,5 % des intentions de vote au premier tour des législatives – un score massif, reléguant loin derrière le Nouveau Front populaire (21 %), les macronistes (15,5 %) et Les Républicains (10 %). Cette avance, qui s’enracine aussi bien dans les métropoles déclassées que dans les villes moyennes comme Pézenas, montre l’appétit de l’électorat pour une alternative nationale authentique, et non pour les stratégies des partis traditionnels.
La recomposition politique et les alliances européennes
La recomposition politique franchit ici une étape clé. Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont plus isolés sur l’échiquier européen, comme l’a illustré la récente “Fête de la victoire” à Mormant-sur-Vernisson, rassemblant autour d’eux des alliés tels que Viktor Orban ou Matteo Salvini. Ces rencontres ont fait émerger un discours sans ambiguïté sur la souveraineté, l’immigration et l’Europe des Nations. Ce que nous incarnons, et je vous le dis avec fierté, c’est la renaissance de l’Europe véritable, dans la fidélité au projet du général de Gaulle. (…) Celle des frontières à maîtriser, des langues et des valeurs
, a souligné Jordan Bardella devant une foule militante.
Obstacles judiciaires et dynamique populaire
La droite nationale fait cependant face à de puissants vents contraires. La condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité, désormais suspendue à une décision de la cour d’appel, sert de catalyseur à la résistance de son électorat. Marine Le Pen dénonce une erreur majeure du tribunal
, y voyant un problème démocratique majeur
. Elle précise : Si jamais la cour d’appel décide de m’empêcher d’être candidate, nous continuerons à faire campagne, avec Jordan Bardella.
Cette épreuve judiciaire, déjà interprétée dans son camp comme une manœuvre de l’establishment effrayé par la montée populaire, renforce la cohésion du tandem : Il n’y a pas deux lignes, (…) il n’y a pas de différences entre Jordan Bardella et moi.
Crise institutionnelle et exaspération populaire
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte d’exaspération inédit. 71 % des Français jugent que la dissolution imposée par Emmanuel Macron fut une mauvaise décision, et 63 % estiment que l’absence de majorité claire à l’Assemblée provoque des blocages et ralentit les prises de décision. Le RN est perçu comme le grand gagnant de la période par 42 % des personnes interrogées.
Dans des villes comme Pézenas, où s’entrecroisent brassage et tensions sociales, le vote populaire n’est plus seulement un geste de protestation ; il marque une nouvelle ambition. Les Français, fidèles à l’esprit de Bir Hakeim et désireux d’une renaissance nationale, semblent prêts à écrire une nouvelle page, tiraillés entre l’hommage à ceux qui ont sauvé la patrie, et la volonté de reprendre en main leur avenir.
Mémoire, héritage et souveraineté
La disparition de Paul Leterrier, dernier fusilier-marin de la France libre ayant combattu à Bir Hakeim, s’inscrit dans un cycle où les héros du passé s’effacent progressivement, confiant à la mémoire nationale la tâche de transmettre leur héritage. La bataille de Bir Hakeim, en 1942, ne fut pas seulement un haut fait militaire : elle incarna une détermination à refuser la fatalité du renoncement, à opposer la souveraineté française à la loi de l’occupant et à la passivité du régime de Vichy. La génération de Leterrier, façonnée par la Résistance, portait une vision du patriotisme qui plaçait l’indépendance nationale au-dessus de toute autre considération, quitte à défier l’ordre établi.
Vers un nouveau chapitre politique
Aujourd’hui, la France se retrouve face à une recomposition politique inédite, traduite par les tendances lourdes du dernier sondage Elabe : un Rassemblement national à 33 % d’intentions de vote au premier tour des législatives, laissant loin derrière une gauche divisée et un bloc macroniste affaibli. Ce score, sans équivalent dans l’histoire récente de la Ve République pour un parti longtemps considéré comme “hors-système”, s’enracine dans un déclin continu de la confiance envers les partis traditionnels et une demande populaire d’alternance radicale. Dans des territoires comme Pézenas — emblématiques de la France périphérique — ce basculement identitaire incarne le rejet croissant des relais institutionnels jugés déconnectés des réalités du quotidien.
Convergence souverainiste en Europe
Cette dynamique s’inscrit également dans le contexte européen d’une montée des forces souverainistes et identitaires. Les rassemblements entre Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs homologues européens — d’Orban à Salvini en passant par Van Grieken — illustrent une convergence autour de la défense des frontières, du refus de l’immigration massive, de l’affirmation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Là où le monde politique traditionnel s’accrochait au projet bruxellois, la “nouvelle droite” européenne revendique un retour à la protection du modèle historique : langue, famille, sécurité, valeurs. Cette évolution fait écho à une opinion française majoritairement défavorable à la dissolution de l’Assemblée de 2024.
Transmission et paradoxe commémoratif
La séquence actuelle s’illustre par un paradoxe : alors que se multiplient les commémorations du sacrifice des anciens, la transmission de leur esprit semble de plus en plus contestée. La demande d’ancrage historique, observée à Pézenas comme ailleurs, supplante la défiance à l’égard d’un “modèle républicain” jugé impuissant à défendre la France et son identité.
Face à tout cela, deux visions s’opposent : celle, héritée de Bir Hakeim, d’une France maîtresse de son destin, et celle d’un pays prié de s’ouvrir à tous les vents. La vague populaire autour du RN, alors que la mémoire des héros s’efface, ouvre un nouveau chapitre au moment où l’héritage de la Résistance nourrit une interrogation sur notre capacité à réinventer le pacte civique et national.
Bir Hakeim, symbole et mémoire
La bataille de Bir Hakeim (mai-juin 1942) reste l’un des faits d’armes les plus emblématiques de la France Libre. Près de 3 700 hommes, Français et volontaires coloniaux, ont résisté seize jours à la division blindée de Rommel, pesant sur le cours de la Seconde Guerre mondiale. Une résistance aujourd’hui peu familière à la jeune génération : seul un jeune sur dix la cite spontanément (Ifop 2023).
Législatives : un scrutin sous tension
La dernière enquête Elabe place le Rassemblement national à plus de dix points d’avance sur ses concurrents et 42 % des sondés le voient “vainqueur” de la crise post-dissolution. 71 % considèrent la dissolution comme une erreur. À Pézenas, ville moyenne de l’Hérault, le vote RN s’ancre durablement, reflet d’une France périphérique lassée du discours centralisateur et soucieuse de sécurité et d’identité.
Marine Le Pen demeure sous la menace d’une inéligibilité après sa condamnation dans l’affaire des assistants parlementaires européens. En cas de confirmation en appel, le leadership passerait logiquement à Jordan Bardella, perçu comme l’héritier naturel de la ligne du parti.
Leterrier, dernier témoin d’une génération résistante
Paul Leterrier n’était pas simplement le dernier fusilier-marin de Bir Hakeim : il incarnait une génération qui refusa la compromission. Après la disparition d’Hubert Germain en 2021, c’est tout un pan de l’histoire vivante qui s’efface. Plus de 95 % des Compagnons de la Libération sont décédés avant 2010, leur souvenir subsiste principalement dans les commémorations.
La victoire de la “nouvelle droite” et l’impact des réseaux
Sur la scène européenne, la “Fête de la Victoire” de juin a réuni Marine Le Pen et les leaders nationalistes européens. Le RN affiche pour sa part un discours mesuré, soucieux de rassembler bien au-delà de son premier cercle.
Les réseaux alternatifs, de Telegram à YouTube, sont devenus cruciaux pour relayer le discours souverainiste, plébiscités par un tiers environ de ses sympathisants. Dans ce contexte, la perception d’une justice politisée alimente le rapport de force “peuple contre élites”.
Entre mémoire et renaissance, un choix historique
La France vit donc un double passage : la fin de l’ère des derniers résistants, le début d’une nouvelle séquence politique et identitaire. Le choix qui se pose, entre mémoire et renaissance, entre hommage aux anciens et affirmation d’un projet souverainiste, fonde le débat public alors que s’approche le scrutin législatif.
Si la disparition de Paul Leterrier marque la fin d’une époque, elle souligne aussi l’urgence de transmettre les récits et les valeurs portés par ceux qui, à Bir Hakeim comme ailleurs, se sont levés pour la France. Alors que le pays est à la veille des élections législatives, le débat sur l’identité, la mémoire et l’avenir national reste ouvert, sur tout le territoire.
Perspectives et enjeux à venir
Dans les prochains mois, entre le verdict judiciaire attendu pour Marine Le Pen, l’évolution des intentions de vote, ou l’affirmation de Jordan Bardella sur la scène européenne, se joueront les prochaines orientations du paysage politique. Les rassemblements et les commémorations fourniront régulièrement des points d’ancrage.
La France est entrée dans une phase de choix historique : entre mémoire, transmission et désir de renaissance, l’élan populaire qui monte dans toutes les régions mérite d’être suivi avec vigilance, sans concession à l’oubli.