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IA et objets connectés : révolutions, risques de sécurité et enjeux sociétaux

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À l’heure où l’intelligence artificielle et l’Internet des objets s’invitent massivement dans notre quotidien – à la maison, dans la rue comme au cœur des institutions –, se pose une question centrale : comment garantir la sécurité, la transparence et l’éthique de ces technologies alors que leurs usages progressent plus vite que les régulations et leurs limites techniques ? Ce dossier fait le point sur qui invente, quoi, où et comment, tout en interrogeant les enjeux réels pour l’utilisateur et pour la société.

L’ensemble des usagers – particuliers, entreprises, institutions publiques comme la Justice française – est concerné par l’essor de l’intelligence artificielle (IA) et de l’Internet des objets (IoT). Les industriels, fabricants d’objets connectés, développeurs d’algorithmes, régulateurs européens et experts en cybersécurité sont en première ligne.

On assiste à une explosion de l’usage des objets connectés dans nos foyers – babyphones, caméras, alarmes, jouets, wearables – et à un déploiement accéléré de l’IA, qu’il s’agisse d’anonymisation de données, d’analyse juridique massive ou d’aide à la décision automatisée. Mais ces technologies s’accompagnent de nouvelles menaces : failles de cybersécurité, risques d’intrusion dans la vie privée, lacunes fondamentales des IA face à la compréhension du réel, et enjeux d’éthique, notamment dans les institutions judiciaires.

La tendance s’intensifie en 2024, avec une échéance majeure dès le 1er août 2025 : l’entrée en vigueur de la directive européenne obligeant tous les équipements radioélectriques connectés à répondre à des exigences strictes de sécurité numérique. Parallèlement, la Justice française accélère le déploiement de traitements algorithmiques à grande échelle sur des millions de décisions chaque année.

Le phénomène est mondial, mais particulièrement visible en Europe où la régulation se renforce et où l’on observe une montée en puissance des usages connectés à la maison, dans l’espace public, au sein des tribunaux et dans les services publics.

Les objets connectés collectent, transmettent et traitent des données personnelles en continu, souvent sans protection suffisante – mots de passe faibles, chiffrement absent, absence de mises à jour logicielles –, exposant utilisateurs, familles et entreprises à des attaques variées : atteinte à la vie privée, prise de contrôle à distance, attaques DDoS. De leur côté, les solutions d’IA sont de plus en plus intégrées dans les workflows industriels et dans la justice, pour l’extraction de données, l’analyse automatisée, l’uniformisation des documents. Pourtant, l’IA reste limitée face à la complexité des situations humaines et sociales, ce qui impose de lui assigner un rôle d’assistance et non de décision, notamment dans le contexte judiciaire.

L’innovation technologique promet confort, productivité, optimisation des services et gain de temps – pour les individus comme pour les institutions, dans la domotique avancée, une justice plus efficace, des services connectés. Mais l’accélération des usages numériques crée aussi des risques nouveaux pour la sécurité individuelle et collective, rendant indispensable une gouvernance responsable : sécurité dès la conception, réglementation adaptée, audits réguliers et maintien critique de l’humain au cœur des processus sensibles.

Face à la généralisation de l’IA et de l’IoT dans nos vies et dans nos institutions, le défi actuel n’est plus juste technologique : il est sociétal et éthique. Protéger la vie privée, garantir la sécurité, maintenir l’humain comme arbitre – autant d’impératifs pour que les progrès technologiques profitent sans risque à tous.

État des lieux et alertes sur les risques

L’intégration massive de l’intelligence artificielle et des objets connectés dans notre quotidien soulève des enjeux tangibles. Selon l’Institut national de test pour la cybersécurité (NTC), le marché européen de l’IoT domestique comptait déjà plus de 200 millions d’équipements en service en 2024, avec une croissance à deux chiffres chaque année. Mais l’alerte du NTC est claire : « La plupart des appareils connectés testés présentent des vulnérabilités évidentes : mots de passe par défaut, chiffrement faible ou absent, absence de mécanismes de mise à jour fiables », avertit leur rapport de mai 2025.

La pression réglementaire s’accentue : à partir du 1er août 2025, la directive européenne sur les équipements radioélectriques imposera aux fabricants trois obligations : garantir la robustesse de l’accès réseau, protéger la confidentialité des données utilisateurs et prévenir le détournement frauduleux. En cas de non-conformité : interdiction à la vente dans l’UE. Un enjeu de taille, alors qu’on estime qu’en 2023, 75 % des produits IoT importés dans l’UE n’étaient pas conformes à ces normes.

Du côté de l’IA, les progrès sont spectaculaires mais les limites subsistent : l’étude de l’Université Johns Hopkins (avril 2025) rappelle que l’IA excelle sur images fixes, mais “reste incapable de décrypter correctement des scènes en mouvement ou d’anticiper des comportements humains complexes”. Conséquence directe : la prudence reste de mise pour la robotique d’assistance ou la voiture autonome, où la sécurité humaine ne peut supporter l’erreur algorithmique.

Dans la justice, la France massifie l’emploi de l’IA : la base Judilibre aligne déjà plus d’un million de décisions, exploitées pour anonymiser, résumer et classifier le Big Data juridique. Christophe Soulard, Premier président de la Cour de cassation, rassure : « L’IA peut assister les magistrats dans l’analyse ou la rédaction, jamais trancher à leur place. La décision reste un acte fondamentalement humain. » Ce socle éthique s’affiche comme le garde-fou indispensable.

Conséquences directes à cette montée en puissance :

  • Multiplication des cybermenaces : objets vulnérables détournés pour des attaques DDoS ou de l’espionnage domestique, notamment par captation d’images via babyphones ou caméras connectées.
  • Perte de confiance : chaque incident médiatisé – cyberattaque, erreur IA – freine l’adoption grand public, y compris dans la domotique, la santé connectée ou la justice automatisée.
  • Montée de la formation : entreprises et particuliers doivent adopter de nouveaux réflexes – changement systématique des mots de passe d’usine, activation et supervision des mises à jour, comme le souligne le rapport Zientara : “L’innovation n’a de sens qu’adossée à des indicateurs de vigilance et à une réflexion éthique permanente.”

IA et IoT accélèrent la numérisation de la société, tout en imposant une exigence accrue de sécurisation et de gouvernance.

Une mutation profonde et globale

Depuis les débuts de l’automatisation et l’avènement d’Internet, chaque vague technologique a renforcé la présence du numérique. On compte désormais plus de 15 milliards d’objets connectés dans le monde (Gartner, 2024), un chiffre qui devrait dépasser les 25 milliards d’ici 2030. Si la smart home et l’industriel étaient les premiers marchés, la santé, la sécurité, la mobilité, la justice et l’alimentaire suivent : chaque secteur explore automatisation, collecte de Big Data, science des données et intégration algorithmique. Cette ubiquité multiplie les bénéfices – anticipation des pannes, confort, optimisation des ressources – autant que les points d’entrée pour des attaques : selon l’ENISA, en 2023, 33% des cyberattaques majeures impliquaient un device IoT mal sécurisé.

L’IA a progressé de la reconnaissance automatique d’images à une large palette d’usages : traduction, maintenance prédictive, robotique d’assistance, aide documentaire dans la justice. Cependant, la compréhension contextuelle, les interactions sociales et l’anticipation des intentions humaines échappent toujours à l’algorithmique.

L’Europe s’efforce d’encadrer : RGPD, projet AI Act, directives IoT/RED. Mais sur le terrain, le retard à l’adoption de bonnes pratiques reste marqué : en France, plus d’un tiers des utilisateurs d’IoT ignorent comment mettre à jour leur matériel (ANSSI). Au même moment, la Chine déploie une surveillance numérique massive et les États-Unis misent sur l’innovation privée, pendant que l’UE insiste sur la gouvernance.

La convergence IA + IoT apporte bien-être, productivité et innovation, tout en renforçant la nécessité de vigilance, de régulation et de montée en compétence de toute la société, des développeurs aux citoyens.

Quelques marqueurs de cette transformation :

  • Plus de 60% des appareils pour enfants testés par le NTC présentent des failles critiques : mot de passe d’usine, communications non chiffrées, une facilité pour quiconque exploite un scan réseau.
  • L’affaire Mirai (2016), premier botnet massif d’objets IoT compromis, a démontré l’impact systémique d’appareils peu ou pas sécurisés en bloquant des géants du web américain.
  • La directive RED, au 1er août 2025, prévoit l’interdiction à la vente dans l’UE de tout équipement connecté non conforme : un frein attendu sur la vente en ligne de produits asiatiques bas de gamme.
  • Changer le mot de passe dès la première connexion devient indispensable pour les usagers. Le recours à des outils comme Home Assistant peut également accroître la sécurité.
  • En vision par ordinateur, les modèles de deep learning atteignent des performances supérieures à 99% sur images statiques, chutant à moins de 75% sur des vidéos du réel – la dimension temporelle reste un défi ouvert.
  • Dans la justice, l’IA se cantonne à l’extraction de mots-clés et à l’anonymisation, laissant l’interprétation et la décision aux magistrats.
  • Sur le plan environnemental, l’entraînement d’un grand modèle NLP équivaut à l’empreinte carbone d’une voiture parcourant 100 000 km (Université du Massachusetts Amherst).
  • Dans la cuisine connectée, l’IoT s’invite via les fours intelligents ou thermosondes, mais la question de la sécurité des données personnelles se pose aussi à domicile.
  • Moins de la moitié des entreprises mettent régulièrement à jour la formation cyber de leurs équipes, alors que l’IoT multiplie la surface d’attaque.

Pour s’informer et agir :

  • Des kits pratiques proposés par l’ANSSI, la CNIL ou le NTC aident à sécuriser les objets connectés et à organiser la gestion proactive des mises à jour.
  • La directive européenne RED et ses exigences doivent être anticipées dès à présent pour tout le parc IoT.
  • La base Judilibre, les innovations de Paris Saclay (IA, foodtech), les ressources universitaires et MOOCs sont à disposition pour se former à la cybersécurité ou à la science des données.
  • La veille communautaire passe par des plateformes de partage, des forums et des newsletters spécialisées.

Pour toute question sur la sécurité des équipements ou la conformité des nouveaux usages numériques, il reste essentiel de se tourner vers les acteurs référents (ANSSI, CNIL, autorités européennes) ou de solliciter les équipes techniques compétentes. Anticiper, former, se coordonner : tels sont les piliers d’une transformation numérique résiliente, éthique et durable.

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