À Lyon, startups foodtech, utilisateurs d’applications comme Deliveroo ou Too Good To Go et entrepreneurs de la communauté web3 composent avec l’essor des cryptomonnaies, la disparition soudaine du buzz NFT et de nouveaux risques bien réels. Entre innovation numérique, recherche de pratiques plus éco-responsables et montée des menaces ciblant les acteurs locaux, l’écosystème est en pleine mutation et cherche à sécuriser son quotidien.
Lyon, 2025. La ville confirme son statut de capitale française de la foodtech, portée par une jeune génération d’entrepreneurs et de communicants adeptes d’initiatives éco-responsables (Too Good To Go, Deliveroo, événements Slow Food). Mais les promesses de la blockchain divisent. Après l’effondrement des NFT, autrefois portés aux nues par les marques et les start-up, et le recentrage sur l’intelligence artificielle ou la tokenisation des diplômes, un nouveau climat de vigilance s’impose dans l’écosystème tech local.
Entre innovations pratiques (paiements dématérialisés, fidélité numérique, micro-investissements) et risques concrets (attaques de données, extorsions, vagues d’enlèvements touchant entrepreneurs et proches à Marseille, Nantes, et jusque dans la région lyonnaise), la question n’est plus seulement celle de l’adoption, mais bien de la sécurité et du sens. Qui profite vraiment de la crypto-économie dans la vie quotidienne des Lyonnais, du restaurateur branché paiements innovants à la chargée de communication fan de food apps et de mindfulness ? Pourquoi, localement, nombre de jeunes actifs oscillent désormais entre appétit d’innovation et retour au “concret” : qualité de vie, liens humains, garanties juridiques ?
Derrière la brume des buzzwords apparaissent de nouveaux usages, des histoires locales, des chiffres parlants (seuls 3 % des Français détiennent encore un NFT en 2025), et des solutions concrètes pour la protection des données, l’anonymat des entrepreneurs et la sécurisation numérique. L’écosystème lyonnais cherche à préserver ses talents tout en apprivoisant les limites de la “crypto culture”.
La bulle NFT et la désillusion web3
La bulle des NFT, autrefois présentés comme le sésame du web3 et de la propriété digitale, a éclaté de façon spectaculaire entre 2022 et 2023. Selon DappRadar, au premier trimestre 2025, seuls 7 millions d’échanges de NFT ont été recensés dans le monde pour un volume total de 1,5 milliard de dollars – bien loin du record de 2021, où une seule œuvre s’était vendue pour 69 millions. Dans le domaine des NFT artistiques, le constat est plus sévère : alors que les échanges représentaient 3 milliards de dollars en 2021, 95 % de ces collections ne valent aujourd’hui plus rien, les volumes échangés plafonnant à moins de 24 millions de dollars début 2025.
Les grandes marques qui avaient tenté l’expérience web3, telles que Renault, Carrefour, Lacoste ou Ubisoft, ont largement déserté le secteur, face à des critiques d’acheteurs floués et un effondrement des prix. À Lyon, plusieurs start-ups foodtech avaient envisagé d’intégrer NFT ou cryptomonnaie dans leur offre de fidélité ou d’expérience client, avant de “revenir au concret”, confie un responsable marketing local :
« La communauté web3 paraissait super dynamique, mais au final, ce que demandent vraiment nos utilisateurs, c’est une appli efficace pour commander un repas, éviter le gaspillage, ou accumuler plein de petites économies. Pas un badge blockchain compliqué. »
En France, la défiance et la désillusion se traduisent aussi dans les chiffres : début 2025, seulement 3 % des Français déclarent posséder au moins un NFT, soit 2 points de moins en un an (source : Adan). L’époque où l’on jouait sa vie sur un NFT de resto, ou où les crypto-collectibles alimentaient le FOMO lyonnais, semble bel et bien révolue.
La blockchain, des usages plus concrets mais la montée des risques
Malgré tout, la technologie blockchain n’a pas disparu du paysage. Elle inspire encore quelques usages discrets mais prometteurs – certification de diplômes, identité numérique, traçabilité des produits de luxe – tandis que la majorité des projets à destination du grand public s’orientent désormais vers l’intelligence artificielle, l’écoconception ou l’amélioration des systèmes de livraison. À Lyon, la demande porte sur des solutions pratiques : restaurants bio utilisant Too Good To Go pour lutter contre le gaspillage ou applications proposant la récompense de la fidélité via le cashback plutôt que via un NFT spéculatif.
Mais le basculement n’est pas que technologique. De nouveaux risques, bien réels, émergent. En 2024-2025, une série d’enlèvements et tentatives d’extorsion visant entrepreneurs et proches du secteur crypto frappent la France, y compris dans la région. À Bolbec, près du Havre, des malfaiteurs ont ainsi été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à kidnapper la mère d’un jeune investisseur crypto lyonnais. David Balland, cofondateur d’une fintech spécialisée dans la sécurité crypto, avait lui-même été brièvement enlevé lors d’une tentative d’extorsion.
“Les dirigeants pourront saisir les greffiers des tribunaux de commerce pour demander l’occultation de leur adresse personnelle du Registre du commerce et des sociétés, avec une démarche simple et rapide, traitée en quelques jours.”
Communiqué du ministère de la Justice, juin 2025
Pourtant, la question du niveau réel de protection persiste. La circulation des données personnelles et professionnelles reste quasi-instantanée sur toutes les applis du quotidien. À Lyon, plusieurs professionnels recommandent de mieux cloisonner vie privée et identité numérique, d’accroître la vigilance sur les outils de gestion et les réseaux d’entreprise.
Conséquence : alors que les NFT perdent de leur pouvoir d’attraction, ce sont désormais la confiance numérique, la sécurisation des données et, paradoxalement, le retour à des pratiques alimentaires de proximité qui font recette à Lyon. L’écosystème opère un virage générationnel sous le signe de l’innovation responsable et de la résilience face aux risques de la cyberéconomie.
De la blockchain spectaculaire à l’innovation responsable
L’histoire récente des cryptomonnaies et de la blockchain est faite de promesses vertigineuses, d’effets de mode et de retournements spectaculaires. Depuis l’émergence du Bitcoin à la fin des années 2000 et la frénésie autour des NFT de 2020 à 2022, ces technologies ont dépassé la sphère geek pour toucher l’art, la musique, le gaming, et même la restauration ou la foodtech.
Au pic de leur popularité en 2021, les NFT représentaient un marché mondial de près de 3 milliards de dollars pour l’art numérique. Des géants comme Renault, Lacoste ou Nike lançaient leurs propres collections, misant sur des programmes de fidélité inédits. Mais dès 2023, l’engouement retombe : 95 % des collections ne valent plus rien (source : DappGambl). La faillite de FTX et la volatilité du marché crypto accentuent la prudence du public, et début 2025, seuls 3 % des Français déclarent détenir un NFT, en diminution constante.
Par-delà les modes, la blockchain persiste dans les usages concrets : certification de diplômes, passeports numériques, traçabilité alimentaire, programmes de fidélité transparents. Dans la foodtech, l’effet “buzz” laisse place à la recherche d’une vraie valeur ajoutée : meilleure traçabilité des ingrédients locaux, lutte contre le gaspillage, solutions de paiement alternatives.
À Lyon, place forte traditionnelle de l’innovation alimentaire, les start-ups évoluent : si la communauté web3 reste active, la majorité des jeunes actifs se montre désormais pragmatique, évaluant chaque technologie selon son utilité concrète et son impact. Les nouvelles pratiques alimentaires s’articulent autour de besoins du quotidien : gagner du temps, sécuriser les données, consommer mieux plutôt que plus.
Vigilance, sécurité et innovations “invisibles”
La volatilité du marché crypto est mondiale, mais la montée des menaces visant ses utilisateurs devient locale et bien réelle en France. En 2024 et 2025, plusieurs affaires d’enlèvements et de tentatives d’extorsion liées à la détention de cryptomonnaies inquiètent l’écosystème lyonnais. Face à la naïveté du tout-décentralisé, ces épisodes rappellent la nécessité de prudence juridique et de protection numérique renforcée. Les entrepreneurs lyonnais conjuguent innovation et vigilance, s’inspirant des bonnes pratiques européennes en matière d’anonymat et de sécurisation.
La maturité s’impose : recherche de sens générationnelle, services éco-responsables, French Tech lyonnaise attachée à proposer des solutions sûres et utiles à ses usagers du quotidien.
En 2021, le marché des NFT pesait près de 3 milliards de dollars pour l’art numérique, mais dès 2023, 95 % des collections n’ont plus de valeur (étude DappGambl). À Lyon, rares sont ceux qui osent encore afficher leurs NFT ; la plupart des projets vinglés web3 ont disparu des radars, même chez de grands groupes comme Renault ou Lacoste. Selon l’Adan, début 2025, seuls 3 % des Français déclarent encore détenir au moins un NFT, contre 5 % l’année précédente. L’heure est à l’usage pragmatique de la blockchain : certification, traçabilité, anti-gaspi, bien loin de la spéculation artistique.
Le paiement en cryptomonnaie est testé par certains restaurants ou coffee shops lyonnais, mais reste marginal. Entre 2023 et 2025, moins de 2 % des commerces en France acceptent des cryptos (bitcoin ou autres) selon Coinmap, les retours soulignant la complexité comptable, la volatilité, et la faible demande. Sur les grandes plateformes de livraison (Deliveroo, Uber Eats), aucune option crypto n’émerge, même si certains indépendants proposent des réductions pour les clients familiers des cryptos.
Les tentatives d’enlèvements ciblant les entrepreneurs crypto ou leur famille se multiplient : Marseille, Nantes, région lyonnaise. Pour limiter les risques, le ministère de la Justice autorise récemment l’occultation de l’adresse personnelle du dirigeant dans le Registre national des entreprises. À Lyon, les groupes d’entrepreneurs partagent bonnes pratiques : désactiver la géolocalisation sur les apps, favoriser l’anonymat numérique, chiffrer les messageries, sécuriser les accès cloud, organiser des ateliers cybersécurité.
Avec le développement du “cyber-stress”, les jeunes actifs lyonnais intègrent des routines bien-être via Headspace ou Petit BamBou, ou limitent volontairement l’hyperconnexion (digital detox, balades en Presqu’île ou au parc de la Tête d’Or). Le sujet revient lors des meet-ups French Tech ou ateliers à la Bourse du Travail ou à la Métropole.
À mesure que le discours tech devient abstrait, les utilisateurs lyonnais valorisent l’expérience concrète : déplacements avec OUIGO, ateliers anti-gaspi, recherche d’adresses responsables. Conscience numérique et sécurité s’invitent jusque dans le choix des voyages ou des restaurants.
La nouvelle frontière pour la tech lyonnaise : usages “invisibles” de la blockchain (certification de diplômes, cartes de fidélité, passes numériques pour événements, systèmes d’identification renforcés) en collaboration avec l’écosystème French Tech local ou le cluster Digital League. Prudence et transparence guident désormais la démarche vis-à-vis du public.
Former, accompagner, mieux vivre la tech
Lyon garde l’avantage d’une dynamique tech formatrice et accessible. Plusieurs structures locales proposent régulièrement des ateliers ou conférences pour démystifier la blockchain ou sécuriser ses pratiques numériques : French Tech Lyon, La Cuisine du Web, Maison de l’Entrepreneuriat Lyon/Saint-Étienne. Des espaces de coworking relaient des meet-ups sur l’IA, le web3 ou la foodtech responsable. L’ADAN publie chaque année un état des lieux du secteur en France.
Pour les actifs lyonnais, entre vie professionnelle, plaisirs culinaires et attention au bien-être digital, des applications comme Headspace ou Petit BamBou sont des alliées pour prendre du recul… ou décrocher le temps d’un trajet en train. Si les usages crypto évoluent, la priorité semble désormais d’allier innovation et confiance, en re-questionnant sans cesse ses pratiques.