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Objets connectés et intelligence artificielle : vers une nouvelle ère de menaces cyber et de défis pour nos sociétés

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L’intégration massive de l’intelligence artificielle dans les objets connectés, du quotidien aux infrastructures stratégiques, redéfinit profondément l’équilibre sécuritaire. Chaque équipement devient un maillon potentiel de vulnérabilité, offrant de nouveaux angles d’attaque à des menaces cyber de plus en plus sophistiquées. Face à cette mutation, la responsabilité en matière de cybersécurité et de souveraineté numérique s’impose à tous les niveaux : particuliers, DevOps, industriels, administrations, armées, justice.

Des millions d’utilisateurs dépendent désormais d’une diversité d’objets connectés : caméras, babyphones, montres, thermostats, robots, drones… Ces appareils sont fabriqués à l’échelle planétaire par des acteurs multiples, tandis que les responsabilités de sécurisation incombent aux architectes, responsables sécurité, équipes de cyberdéfense et décideurs publics. L’interconnexion de l’Internet des objets (IoT) et de l’intelligence artificielle (IA) investit tous les environnements – de la maison à la ville intelligente, de l’entreprise à la défense. Les objets collectent, traitent et analysent en permanence des données sensibles, apprennent des comportements et deviennent autant d’outils d’opportunités… que de risques.

Depuis plusieurs années, la surface d’attaque n’a cessé de croître. Le phénomène s’accélère à l’approche de 2025, qui verra entrer en vigueur une directive européenne majeure sur la sécurité numérique des équipements radioélectriques (IoT). Cette période correspond aussi à une montée en puissance de l’IA dans de multiples secteurs : automatisation judiciaire, véhicules autonomes, défense, gestion des infrastructures critiques. Les cyberattaques ciblant objets connectés et faiblesses IA se multiplient, exploitant chaque retard de mise à jour ou faiblesse d’authentification.

Le paysage concerné est vaste : foyers équipés d’objets intelligents, smart cities, systèmes hospitaliers, transports, tribunaux numériques, zones d’opération militaire ou policière où drones et robots embarqués deviennent la norme. L’expansion s’explique par la miniaturisation, l’essor du cloud et des réseaux très haut débit, la démocratisation de l’IA embarquée, et la généralisation de l’automatisation logicielle. Les cybercriminels profitent quant à eux de la prolifération des failles : firmwares non patchés, authentification défaillante ou algorithmes IA vulnérables.

Entre promesse technologique et risque systémique, la frontière n’a jamais été si ténue. Chaque objet connecté ou module IA introduit puissance et confort, mais devient aussi un nouveau point faible. La cybersécurité, la confiance et la souveraineté numérique deviennent des enjeux globaux pour tous les déployeurs et mainteneurs de ces systèmes, depuis les ingénieurs DevOps jusqu’aux autorités stratégiques. Plus que jamais, la sécurité doit être pensée dès la conception, les contrôles automatisés renforcés et un ultime arbitrage humain assuré sur les systèmes critiques, sous peine de voir la technologie se retourner contre ses utilisateurs.


Le nombre d’objets connectés dans le monde dépasse les 30 milliards selon Statista (2024), démultipliant la surface d’attaque dans les foyers comme dans les secteurs critiques. En Europe, le compte à rebours est lancé : le 1er août 2025, une nouvelle directive imposera à tous les constructeurs et importateurs la conformité de leurs produits IoT — babyphones, caméras, montres, accessoires connectés… Pourtant, plus de 60 % des objets testés par l’Institut National de Test pour la Cybersécurité (NTC) présentent encore des vulnérabilités majeures : mots de passe par défaut non modifiés, absence de chiffrement, mises à jour logicielles non fiables.

« La plupart des modèles analysés comportaient des vulnérabilités évidentes » — Institut National de Test pour la Cybersécurité

Face à ce constat, certains appareils pourraient tout simplement être interdits à la vente. L’enjeu n’est pas que théorique : des botnets géants (Mirai, Persirai…) sont créés à l’insu des utilisateurs, des caméras piratées permettent de capter des images privées, des objets détournés servent à lancer des attaques DDoS ou des intrusions contre des infrastructures vitales.

La pénétration de l’IA dans ces dispositifs amplifie la problématique. Les véhicules autonomes, robots de sécurité et drones s’appuient sur des briques IA pour analyser leur environnement et décider en temps réel. Or, la capacité de l’IA à comprendre des scènes complexes ou sociales reste limitée (« lacune majeure » selon l’université Johns Hopkins), ouvrant la porte à des erreurs de jugement ou à des manipulations par adversaires.

Des secteurs régaliens comme la justice ou la défense continuent d’adopter ces technologies avec extrême vigilance. La justice française, qui publie près d’un million de décisions par an sur Judilibre, utilise l’IA pour anonymiser ou classer, mais refuse catégoriquement de lui confier la fonction de juge :

« Pas d’IA pour rendre la justice : la responsabilité humaine demeure primordiale » — Rapport Cour de cassation 2025

Cette même exigence de contrôle prévaut dans la défense, où l’automatisation progresse mais reste sous garde-fous stricts.

Dans tous les cas, la généralisation d’une approche DevOps et l’automatisation des pipelines CI/CD, tant dans les applications civiles que militaires, rend indispensable une « sécurité by design ». D’après une étude du SANS Institute, l’automatisation des tests de sécurité dès l’étape de développement réduit de 40 % l’exposition aux incidents critiques et améliore la réactivité face aux failles émergentes. Mais la complexité grandissante et la course à l’innovation laissent subsister des angles morts : la cybersécurité touche désormais à la souveraineté et à la confiance collective.


Depuis une dizaine d’années, la fusion entre l’explosion des objets connectés (IoT) et les avancées en intelligence artificielle bouleverse la société numérique. En 2024, plus de 15 milliards d’objets sont actifs dans le monde : domotique, santé, industrie, transport, défense, toys connectés… Le doublement est attendu à l’horizon 2030, porté par la miniaturisation, la baisse des coûts hardware et la généralisation des réseaux 5G/6G.

Autrefois cantonnés à l’électroménager ou aux capteurs, ces objets gagnent aujourd’hui les secteurs les plus sensibles : surveillance urbaine, réseaux électriques, hôpitaux, bases militaires intelligentes. L’intelligence embarquée, dite edge AI, multiplie leurs fonctions : détection d’anomalies, décisions autonomes, maintenance prédictive. Parallèlement, le volume de données collectées explose (Big Data), devenu enjeu stratégique pour entreprises comme États.

Mais cette expansion s’est faite longtemps au détriment de la sécurité. Dès 2016, le botnet Mirai avait mis en évidence le potentiel de destruction d’objets mal sécurisés, capables de lancer des attaques massives et de paralyser Internet. Encore aujourd’hui, la majorité des produits IoT grand public présente des failles récurrentes : mots de passe par défaut, absence de mise à jour automatique, faiblesse de chiffrement. Ce manque de résilience interroge la chaîne de confiance et la souveraineté numérique, les dépendances étant désormais globalisées.

Pour répondre aux incidents grandissants, l’Europe s’est dotée d’une réglementation renforcée : dès 2025, la directive sur les équipements radioélectriques impose confidentialité, intégrité, résilience logicielle et résistance aux cyberattaques. Les sanctions vont jusqu’à l’interdiction de la commercialisation.

La concurrence est mondiale : la Chine, les États-Unis, l’Inde accélèrent l’adoption de réglementations et de technologies, chacun avec ses priorités (marché, souveraineté, contrôle social…). La France et l’UE misent sur l’innovation responsable, l’open source et la certification, particulièrement dans les domaines stratégiques.

Historiquement, la cybersécurité était un silo réservé aux experts ; elle est aujourd’hui indissociable du SI moderne, des processus DevOps et de la supervision continue (SIEM, Prometheus, Grafana). L’automatisation, l’infrastructure as code et les bonnes pratiques DevSecOps deviennent incontournables pour piloter la sécurité dans le cloud, l’IoT et des systèmes hybrides.

La montée en puissance de l’IoT boosté par l’IA, dans un contexte géopolitique incertain et de données omniprésentes, impose un changement radical : la sécurité, de la sphère privée aux infrastructures souveraines, n’est plus une option mais une condition fondamentale.


Quelques chiffres illustrent l’ampleur des défis à relever :

  • Selon Statista, plus de 30 milliards d’objets connectés seront en circulation d’ici fin 2025.
  • En Suisse, le NTC a constaté que près de 70 % des objets testés (babyphones, montres, alarmes) présentent des défauts critiques : mots de passe par défaut, chiffrement absent, impossibilité de mise à jour.
  • En 2016, le botnet Mirai — fondé sur des caméras et routeurs non sécurisés — a généré un DDoS record de plus de 1 Tbps, bloquant d’importants sites internet.
  • Les solutions OTA (mise à jour Over-The-Air) sont aujourd’hui indispensables, avec des cycles CI/CD intégrant tests de sécurité et scan de vulnérabilités dès la conception.
  • Sur l’analyse vidéo complexe, l’IA affiche encore un taux d’erreur supérieur de 40 % à celui de l’humain pour la reconnaissance de scènes sociales ou mouvantes (Johns Hopkins).
  • 40 % des incidents cloud en Europe proviennent de correctifs de sécurité non appliqués ou d’une mauvaise gestion du cycle de vie applicatif (Forrester 2024).
  • En 2022, l’armée britannique a été contrainte de désactiver un parc de drones tactiques vulnérables, frappés par une faille critique non corrigée.

Des outils d’observabilité (Prometheus, Grafana) permettent de surveiller en temps réel l’état d’un parc d’objets connectés hétérogène, sous réserve d’intégrer la dimension sécurité et la journalisation au cœur de la stack de supervision.


L’environnement réglementaire et technologique continue d’évoluer rapidement. Les échéances européennes, les guides de bonnes pratiques (CIS IoT, audits automatisés avec Terraform Compliance, OpenSCAP, Lynis), les outils de monitoring comportemental, ainsi que les démarches de coopération internationale (bug bounty, partage de vulnérabilités, open source) deviennent essentiels pour anticiper la prochaine vague de risques systémiques.

À l’ère de l’IoT intelligent, la résilience, aussi bien technique qu’organisationnelle, est un défi collectif. Loin de se limiter à la dimension technologique, la réponse se construit dans le dialogue entre experts, décideurs, développeurs et citoyens — pour bâtir une société numérique sûre, souveraine et digne de confiance.

Michel Grogneux, Ingénieur principal DevOps & Cloud – Lyon, France

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