Alors que la France mise sur la relance du nucléaire pendant que le solaire et l’éolien s’imposent partout ailleurs, la fusion du vivant et de la machine — via les intelligences organoïdes et l’IA hybride — ouvre une nouvelle ère pour piloter les infrastructures énergétiques. Ces innovations bio-inspirées pourraient transformer la transition énergétique et écologique à l’échelle mondiale.
Des chercheurs internationaux de premier plan, tels que l’équipe de l’université de Tianjin en Chine, des ingénieurs en robotique, des startups deeptech et des experts en neurosciences appliquées, s’associent pour développer une nouvelle génération d’intelligence hybride. Ils travaillent sur la mise au point de robots et systèmes cybernétiques intégrant des « cerveaux organoïdes » — mini-cerveaux issus de cellules humaines —, couplés à de puissantes IA. Ce saut technologique promet de métamorphoser la gestion énergétique, l’automatisation industrielle, l’analyse des données climatiques et le pilotage des smart grids.
Les premiers prototypes de laboratoire sont annoncés dès 2025, avec des perspectives d’applications concrètes sur la décennie. VivaTech 2025 mettra en lumière ces convergences biologie/IA/environnement à un moment où la pression sur les infrastructures énergétiques est sans précédent. Si la Chine mène la danse avec l’Université de Tianjin, l’Europe (France, Allemagne, pays nordiques) et l’Amérique du Nord préparent aussi des déploiements pilotes dans leurs principaux clusters technologiques à Paris, Paris-Saclay, Boston ou Shanghai.
Grâce à l’intégration de la bioélectronique, des organoïdes cultivés à partir de cellules souches humaines sont associés en réseaux et reliés à des capteurs embarqués ou biomimétiques. L’association du « vivant synthétique » et du numérique confère aux machines une capacité d’analyse temps réel, d’apprentissage adaptatif et une sobriété énergétique inédite par rapport aux architectures informatiques classiques.
Face à la multiplication des défis climatiques, à la saturation des réseaux électriques et à la course mondiale pour la neutralité carbone, il devient impératif de concevoir des systèmes énergétiques souples, frugaux et intelligents. Les limites actuelles de l’IA conventionnelle, incapables d’anticiper certains scénarios complexes, rendent attractive cette fusion entre plasticité biologique et calcul algorithmique. Cette révolution interroge déjà les régulateurs : sommes-nous prêts à confier le contrôle de nos infrastructures vitales à des entités hybrides où le vivant et la machine cohabitent ?
La planète accélère son basculement énergétique. En 2024, près de 93 % des nouvelles capacités électriques mondiales sont renouvelables, selon l’IRENA. Le solaire domine avec 270 GW de nouvelles capacités installées, dont 216 GW en Chine, suivi de l’éolien (65 GW). En France, la progression reste discrète avec seulement 5 GW de capacités ajoutées en 2023, soit 1 % du total mondial. Politiquement, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) relance 14 nouveaux EPR2 et retarde la prise de décision sur le solaire et l’éolien. Le Syndicat des Énergies Renouvelables alerte sur un « négationnisme technologique » jugé dangereux pour le futur énergétique du pays.
À l’international, les salons technologiques comme VivaTech témoignent de la convergence : IA, robotique, biotechnologies et climat s’allient pour réinventer l’industrie, la ville et le bien-être. Ce déplacement du centre de gravité technologique engendre un risque de fracture entre pays leaders et retardataires, filières incluses ou exclues, et accentue les différences Nord/Sud. Parallèlement, l’évolution rapide des systèmes hybrides — biorobotique, intelligence organoïde — soulève de nouvelles questions en matière de souveraineté, de cybersécurité et d’éthique du vivant. L’urgence des choix réglementaires et industriels est plus pressante que jamais.
Les grandes étapes de la modernité — mécanisation, électrification, révolution numérique — ont entraîné un développement sans précédent, mais au prix d’une dépendance massive aux énergies fossiles et de profonds dégâts environnementaux. L’ère post-carbone impose une réinvention radicale : réduire le gaspillage, renforcer la résilience, viser la neutralité carbone d’ici 2050. L’IRENA constate que le renouvelable, porté surtout par le solaire et l’éolien chinois, dépasse largement toutes les autres sources de nouvelle capacité mondiale. Pourtant, la France tergiverse entre options nucléaire et renouvelable, tandis que le marché mondial se structure nettement en faveur du renouvelable.
Les outils numériques comme les smart grids, l’IA et les objets connectés se sont révélés essentiels, mais demeurent limités : selon des chercheurs américains, l’IA actuelle reste inférieure à l’humain pour comprendre une scène dynamique ou anticiper certains comportements en raison de modèles de calcul trop éloignés de la cognition naturelle. Inspirer les systèmes numériques du modèle du vivant apparaît dès lors comme la nouvelle frontière. Les robots à cerveau organoïde, particulièrement en Chine, ouvrent la voie à des infrastructures capables d’imiter la frugalité et l’adaptivité de la biologie, associant sobriété énergétique et apprentissage en temps réel. À VivaTech, la frontière entre biologie, data et énergie semble désormais s’effacer.
Au cœur du débat se trouve la question de l’hybridation de notre monde : jusqu’où ira-t-on pour déléguer la gestion de l’écosystème à des entités hybrides ? La question dépasse le cadre technique ou économique pour devenir fondamentalement éthique et politique.
Quelques repères supplémentaires :
- Le solaire représente trois quarts des capacités nouvelles renouvelables en 2024, la grande majorité étant en Chine.
- La France n’a ajouté que 5 GW de nouvelles capacités renouvelables en 2023, dont 60 % de solaire, soit seulement 1 % du total mondial. Le débat reste vif sur l’intégration du solaire et de l’éolien dans la politique énergétique nationale.
- Les IA conventionnelles atteignent leurs limites pour comprendre les interactions sociales ou s’adapter à des contextes mouvants sans modélisation neuro-inspirée.
- La technologie organoïde permet la création de ‘mini-cerveaux’ neuronaux sur puce, ouvrant la porte à des robots d’une autonomie inédite et à l’efficacité énergétique remarquable.
- Les innovations croisées à VivaTech, telles qu’OceanEyes (IA pour la pêche durable) ou EMOBOT (IA pour la santé mentale), illustrent la transversalité actuelle entre énergie, environnement et santé.
- L’enjeu éthique devient central : quelle place accorder à la supervision humaine, et quels droits devons-nous envisager pour le « vivant synthétique » ?
Pour explorer plus en profondeur ces transformations, les sources comme le rapport 2025 de l’IRENA, les publications de l’Université de Tianjin sur l’intelligence organoïde, ou les innovations présentées à VivaTech, offrent un panorama riche. Les débats politiques en France et en Europe sur l’équilibre solaire/éolien/nucléaire orienteront la transition dans les prochaines années, tout comme les appels à projets européens pour une IA verte et la convergence bio/tech.
À court terme, l’actualité sera marquée par la décision attendue sur la PPE à l’automne, le lancement de nouveaux projets pilotes de smart grids et de robots à cerveau organoïde, ainsi que l’évolution de la réglementation sur l’éthique et la supervision de ces innovations hybrides.
Pour rester informé sur ces avancées à l’interface biologie-technologie-énergie, il faudra suivre les annonces des agences internationales, les grands salons technologiques et les publications des laboratoires pionniers. La révolution du vivant-machine ne fait que commencer.
